phonétique


3.1.2.L'intonation marquée


Utiliser une intonation marquée, cela veut dire que l'on veut faire passer une intention, en plus de l'information apportée par les mots eux-mêmes. Il existe, bien sûr, plusieurs intentions possibles. Nous nous limiterons ici à trois intentions bien utiles.

3.1.2.1.La mise en doute


La mise en doute, qui signifie, sans le dire par des mots, "je ne vous crois pas", s'exprime en un seul mot phonique.


mise en doute

Les deux dernières syllabes sont accentuées, et beaucoup plus longues (2 à 3 fois) que les atones. A part l'avant-dernière, qui est réalisée au niveau 3, toutes les autres se trouvent au niveau 2.

Enfin, il faut prononcer les deux dernières syllabes les lèvres en avant, ce qui a pour effet de rendre le tout plus grave à l'oreille.

Vous emploierez la mise en doute pour montrer à quelqu'un que vous ne le croyez pas. Il suffit alors de répéter ce qu'il vous a dit avec l'intonation décrite.

Vous serez encore plus convaincante si vous mettez, au moins sur les deux dernières syllabes, les lèvres en avant, en prenant un air de dégoût. Les lèvres en avant abaissent les formants des voyelles (nous en avons déjà parlé), et rendent donc la voix plus grave.


3.1.2.2.L'évidence


L'évidence, qui signifie, sans le dire par des mots, "mais bien sûr!", s'exprime aussi en un seul mot phonique.


L'évidence

Là encore, les deux dernières syllabes sont accentuées. Mais cette fois-ci, l'avant-dernière est au niveau 4, et sert de tremplin pour atteindre, à la dernière syllabe, le niveau 5.

Si l'on veut réussir l'évidence, il faut aborder les deux dernières syllabes avec calme, et les accentuer le moins possible. Vous pouvez vous aider en haussant les épaules sur les deux dernières syllabes.

On emploiera l'intonation de l'évidence pour montrer que l'on trouve que quelque chose va de soi.

Par exemple, si un ami vous demande de l'aider, et que vous trouviez cela normal, vous lui direz:

  • Mais bien sûr! C'est évident!

A quelqu'un qui vous demande la date de la fête de Noël, vous répondrez:

  • Le vingt-cinq décembre!


3.1.2.3.La surprise / indignation


Surprise

Elle peut servir aussi à marquer l'indignation, lorsque la surprise est déclenchée par une situation révoltante (Quoi, tu es encore saoûl comme un cochon! ). Elle peut être contrôlée, mais il arrive que la surprise soit tellement forte que l'on s'évanouit, voire-même que l'on meure d'un infarctus. Dans ce dernier cas, il n'y a bien sûr plus besoin de corriger sa prononciation...

Lorsque la surprise est contrôlée, il y a plusieurs façons de l'exprimer. Nous avons choisi une façon plus facile à réaliser.

Il suffit de prendre l'intonation de l'interrogative sans mot interrogatif, et de faire passer les syllabes accentuées à un niveau plus haut, à savoir 4 au lieu de 3, et 5 au lieu de 4.

Il vaut mieux aussi mettre plus d'énergie que d'habitude dans l'accentuation des syllabes toniques.


3.1.3.Problèmes d'intonation


L'intonation d'une langue étrangère est un phénomène difficile à maîtriser, car elle transporte un nombre important de données. En effet, F0 nous renseigne, entre autres choses, sur:

  • le sexe et l'âge approximatif du locuteur
  • son origine géographique (pays, région)
  • son origine sociale
  • son état de santé
  • son caractère
  • ses intentions
  • le découpage de la phrase

L'apprenant étranger est donc rapidement dépassé par les événements, et reste sourd aux éléments strictement linguistiques de l'intonation de la langue étrangère.

Quant à la production, elle s'effectue selon les critères propres à la langue maternelle, qui sont inopérants dans la langue étrangère.

Ainsi, l'Anglais chante, l'Allemand est aggressif, etc..., tout simplement parce que l'intonation normale correspond, dans la langue étrangère, à un autre décodage.

En règle générale, on peut dire que:
  • - beaucoup de langues ont un accent tonique qui marque les mots les plus importants. Cela donne au locuteur, en français, un rythme hâché, qui ne correspond pas aux longs mots phoniques du français.
  • - certaines langues accentuent l'avant-dernière syllabe, contrairement au français, qui souligne la dernière.
  • - beaucoup de langues connaissent des maxima et des minima d'énergie, allongent certaines syllabes et en raccourcissent d'autres. Le français, en revanche, contrôle l'énergie, ne la libérant que sur la dernière syllabe du mot phonique, c'est-à-dire juste avant la possibilité de respirer. Beaucoup d'étrangers, qui ne savent pas gérer l'air en en gardant toujours assez pour la dernière syllabe, restent souvent sans air en plein milieu d'une phrase, surtout en lisant, les phrases étant généralement plus longues qu'à l'oral.

En fait, on peut dire que tout est à faire dans l'enseignement de l'intonation, et qu'il est indispensable de sensibiliser les étrangers. Chose curieuse, il ne faut pas grand-chose pour que des étudiants n'ayant aucune notion d'intonation française soient capables de reconnaître les patrons intonatifs, et essaient de les respecter, surtout dans la lecture à haute voix.

Il est aussi indispensable de pratiquer l'intonation parce que de nombreux problèmes de sons (manque de liaisons, diphtongaisons, manque de labialisation, articulation relâchée disparaîtront d'eux-mêmes lorsque l'intonation, avec sa régularité syllabique, sa tension musculaire constante et ses mots phoniques sera mise en pratique.

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