phonétique


3.2.2. Information principale / secondaire


Admettons que nous soyons allés à la gare pour accueillir votre grand-mère. Comme nous ne savons pas l'heure exacte de l'arrivée du train, nous allons aux renseignements et demandons à la dame du guichet:

« A quelle heure est-ce que le train de Strasbourg arrive? »

Nous avons donné à la dame des informations, et nous lui avons fait comprendre qu'une information nous manquait: celle de l'arrivée du train. Elle va donc nous répondre:

« Il arrive à 8 h 47.»

Il y a dans sa réponse deux sortes d'informations:

  • 1. une information principale: à 8 h 47. Nous l'appelons principale parce qu'elle est nouvelle pour nous, et qu'elle justifie la question et la réponse.
  • 2. des informations secondaires: le train (pas l'avion) arrive (il ne part pas). Ces informations sont déjà connues: elles sont donc secondaires pour nous.

Peu d'étrangers le savent, mais l'information principale se place à la fin. Notre réponse est donc correcte, puisque l'information principale à 8 h 47, réponse à la question à quelle heure? est bien placée à la fin.

Admettons qu'un vieux monsieur, un peu dur d'oreille, ait entendu notre dialogue. Malheureusement, il n'a pas bien compris ce que nous avons dit. Il demande donc à la dame:

« A 8 h 47, qu'est-ce qui se passe?»

Nous allons lui répondre nous-mêmes:

« Il arrive un train de Strasbourg.»

Là encore, notre réponse est correcte, puisque l'information principale est placée à la fin. Nous aurions pu répondre en reprenant l'information secondaire 8 h 47:

« A 8 h 47, il arrive un train de Strasbourg. »

Là aussi, notre réponse est correcte, puisque nous terminons notre phrase par l'information principale. Mais si nous savons manier l'intonation du français, nous pourrons aussi répondre:

« Il arrive un train de Strasbourg, à 8 H 47. »

Mais non, ne vous évanouissez pas! C'est correct... A condition d'employer une intonation telle que la phrase soit terminée par l'information principale. Comment cela est-il possible?

Eh bien regardez un peu à quoi ressemble l'intonation de cette phrase:

Affirmative avec parenthèse Si vous n'avez pas besoin de lunettes, vous avez sûrement déjà vu que dans la phrase: à huit heures, un train arrive de Strasbourg. l'information secondaire est traitée comme un mot phonique ordinaire, alors que dans la phrase: Un train arrive de Strasbourg, à huit heures. la mélodie atteint le niveau 1 à la dernière syllabe de Strasbourg.

La phrase se termine donc là, et l'information secondaire forme un mot phonique, avec le rythme propre à un mot phonique ordinaire, mais dont la mélodie reste au dernier niveau atteint dans la phrase, ici, donc, au niveau 1. Grâce à l'intonation, on ne peut donc pas confondre information principale et information secondaire. On appellera cette information secondaire placée à la fin, et prononcée avec cette intonation plate, une parenthèse.

Vous vous demandez pourquoi j'écris dernier niveau atteint dans la phrase, au lieu d' écrire: au niveau 1. Eh bien, c'est tout simplement parce qu'il existe aussi une parenthèse haute, qui soutient une information secondaire dite à la fin d'une question. Cette parenthèse haute est donc placée au niveau 4, qui est le dernier niveau atteint au cours de la phrase interrogative sans mot interrogatif:

  • Le train arrive de Strasbourg, à huit heures?

On sait déjà que le train arrive à huit heures, mais on demande s'il vient de Strasbourg. Et si l'on demande:

  • Le train de Strasbourg arrive à huit heures?

Cela voudra dire qu'on sait que le train arrive de Strasbourg, mais que l'on se demande s'il arrive à huit heures.

Et voilà l'intonation de ces deux phrases:

Interrogative avec parenthèse Informations principale / secondaire dans l'interrogativeVous voyez que la phrase, qui se termine par le niveau 4, se termine dans le premier cas par le mot heures, et dans le second, qui contient la parenthèse haute, par le nom de ville Strasbourg. La parenthèse haute se trouve placée au niveau 4, dernier niveau atteint dans la partie utile de la phrase.


et si la phrase est trop longue pour mes capacités respiratoires?

Les Français, à moins d'être asthmatiques, arrivent à prononcer de très longues phrases sans reprendre leur respiration. Lorsque l'air manque, il faut, bien sûr, respirer. Si donc l'air vient à vous manquer avant la fin de la phrase. Il est évident qu'il n'y a qu'un seul endroit possible pour respirer: la fin du premier mot phonique.

Exemples :

  1. Le chat | mange la souris.
  2. Le chat de la concierge | mange la souris.
  3. Le chat de la concierge de la grande maison près de la station service | mange la souris.
  4. Le chat de la concierge de la grande maison près de la station service qui appartient à la mère de Patrick Dupont | mange la souris


Les phrases n° 1 et 2 ne devraient pas poser de problèmes. Mais la phrase n° 3 devrait gêner les étrangers les moins habitués à lire le français. Quant à la phrase n° 4, elle devrait faire beaucoup de victimes.

Partons de ce dernier exemple. Si vous avez des problèmes, vous pouvez respirer rapidement à la fin du premier mot phonique. Nous représenterons la coupure par le signe |.

Si votre capacité pulmonaire ne suffit pas, il faudra trouver une coupure au début d'une subordonnée. Ici, nous avons beaucoup de chance: il y a une relative. Nous pouvons donc respirer juste avant qui, mais seulement si on termine un mot phonique. Il faudra donc faire un mot phonique supplémentaire.

Exemple : 4. le chat de la concierge de la grande maison près de la station service || qui appartient à la mère de Patrick Bruel | mange la souris.


Si vous avez encore des difficultés, il faudra chercher s'il n'y a pas de complément circonstanciel. Quel bonheur: ici, il y en a un! près de la station service. Nous allons donc pouvoir faire une coupure supplémentaire:

Exemple : 4. le chat de la concierge de la grande maison ||| près de la station service || qui appartient à la mère de Patrick Dupont | mange la souris.


Et si vous voulez faire une coupure supplémentaire, il faudra dire la phrase en allemand! En français, cela n'ira pas, car on ne peut pas séparer le substantif (ici, chat) de son complément de nom (ici, concierge), pas plus que concierge de son complément de nom maison, ou mère de son complément de nom Patrick Dupont.

Bien sûr, vous vous demandez pourquoi? Eh bien, si vous faites une coupure avant la préposition de, qui introduit un complément de nom, vous en faites une préposition introduisant un complément circonstanciel de lieu. Ce complément se trouve mis en apposition, et donc, doit faire partie d'un mot phonique qui lui soit propre.

  • La concierge, de la maison, voit la tour Eiffel.

Cela veut dire que, de sa maison, elle voit la tour Eiffel. Donc, quand elle est chez elle, elle peut voir la tour Eiffel.

Mais dans la phrase:

  • La concierge de la maison voit la tour Eiffel.

C'est la concierge de la maison qui voit la tour Eiffel. Cela ne veut pas dire qu'elle voit la tour de sa maison. Sa maison peut très bien se trouver à Perpignan, mais comme la concierge est en vacances à Paris, et qu'elle se trouve sur le Champ de Mars, elle voit la tour Eiffel.

Attention donc à ne pas dire que le chat se trouve placé sur la concierge, ou que la concierge est placée dans la grande maison, ou encore que la mère est montée sur Patrick Dupont!

notons Notez :

Notez qu'il y a une hiérarchie. Nous avons pris la peine de noter les coupures par un nombre différent de | . Cela a une raison:


règle Règle :

On ne peut faire une coupure || que lorsque toutes les coupures possibles| dans le même mot phonique ont déjà été faites. De même, on ne pourra effectuer une coupure ||| que lorsque les coupures d'ordre || auront déjà toutes été faites.


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